Mogwai « Every Country’s Sun »

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Alors que le souffle de la BO d’Atomic n’était pas retombé, Mogwai a fait une pause lors de sa tournée en décembre 2016 pour enregistrer son 9ème album –Every Country’s Sun— sous la houlette de Dave Fridmann aux USA. Un enregistrement, donc, qui s’est fait dans un contexte politique incroyable (enchaînement du Brexit et l’élection de Trump…) pour un groupe plutôt engagé, dans un certain sens de l’urgence et, pour finir, avec un producteur qui a enregistré leurs 2ème et 3ème albums il y a plus de 15 ans de cela (Come On Die Young en 1999 puis Rock Action en 2001), en mode hors-sol (comprendre « pas à la maison, en Écosse »). Des clés de lecture que l’on retrouve affleurer tout au long de l’album.
Terra cognita et incognita

De fait l’ouverture avec « Coolverine » renvoie directement au son et à la composition d’Atomic (à savoir ce savant assemblage entre électronique et guitares) et une structure éprouvée : celle de morceaux qui vont crescendo, mélangeant poussière et poudre (explosive), mélancolie et élévation.
L’enchaînement avec « Party in the Dark » marque une sacrée surprise : nous voici en présence d’un véritable format « single » (pour ne pas dire hit de l’été). Accrocheur, simple et lumineux, le tout en 4mn02 chrono. Mais pour dire quoi ? Les paroles, à rebours de la musique, justifient le titre : l’époque est sombre (« I see everything, all their suffering ») et le remède, en attendant des jours meilleurs (« before the ghosts will chase, all those that rearrange »), c’est de s’extraire du marasme actuel (« taken from those spirals (…) hungry for another piece of mind »)… En musique !
Passé ce qui constitue à la fois un constat et un manifeste de l’instant, l’album déroule sur des compositions et orchestrations plus familières mais dont la fonction est toujours la même : nous emmener ailleurs qu’ici.
« Brain Sweeties » et « 20 Size » font ensuite mine de nous envelopper et nous bercer confortablement pour mieux nous emporter — avec une ligne de basse qui vous empoigne dans le premier cas et une guitare hashtag massacre à la tronçonneuse dans le second —. « Crossing the Road Material » et « Aka 47 » représentent l’essence de ce que sait faire le groupe. Intemporels, protéiformes, on peut même y entendre des échos à d’autres morceaux d’autres albums : en l’occurrence respectivement « How to be a Werewolf » et « Stanley Kubrick » (et son slide de guitare).
Les nappes et la guitare de « 1000 Foot Face » marquent une sorte de pause, comme un interlude que l’on imagine s’allonger dans « Don’t believe the Fife » — LE jeu de mot de l’album — pour mieux nous précipiter sur une séquence de type chaos.
Sur « Battered at a Scramble » on ne sait pas trop où l’on va être amené pendant 1mn30 et, lorsqu’on arrive au bout des 4mn02, on ne sait plus très bien ce que l’on vient de traverser (un indice s’affiche cependant sur votre écran : « guitar hero »). « Old poisons » rappelle le venin de « Batcat » : réminiscence réelle ou pas, ce titre brûle les tympans de bout en bout et renvoie à une sorte de descente furieuse et implacable vers l’enfer, en 2 actes.
Enfin, l’album se clôt sur le synthétique (au sens condensé) « Every Country’s Sun » : dernier morceau à jouer du crescendo et des entrelacements d’instruments pour venir tout éteindre. Terminé, rideau.

Every Mogwai’s Album

Il est peut-être difficile d’aborder cet album ex nihilo, tant il renvoie à une marque de fabrique, une histoire en perpétuel recommencement. Il conjugue références à des avants à l’esprit de fuite… en avant. Mais qui sait vraiment ? L’écoute (et ré-écoute) de l’album donne en tout cas une furieuse envie de prolonger ce moment par tous les autres qui ont précédé. Et l’on réalise à quel point Mogwai ne s’est pas daté et ne tourne pas en rond mais bien en ellipse : il continue sa révolution autour du même soleil jusqu’à ce que vienne, un jour peut-être, l’éclipse.

Mogwai Every Country’s Sun Rock Action Records/Pias
Site officiel de Mogwai, de Rock Action et de Pias France.

TRACKLIST:

Side A

Coolverine
Party In The Dark
Brain Sweeties

Side B

Crossing The Road Material
aka 47
20 Size

Side C

1000 Foot Face
Don’t Believe The Fife

Side D

Battered At The Scramble
Old Poisons
Every Country’s Sun



Également dispo’ en streaming sur Spotify par ici.




Critique de la bande originale Atomic (2016, Rock Action).

Atomic

Rodolphe Canale

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