Nick Cave & Warren Ellis « Carnage »

Pour tous les fans du songwriter australien, c’était la surprise de ce début d’année. Au détour d’une réponse à l’un de ses fans à sa newsletter Red Hand Files, Nick Cave a annoncé la sortie de Carnage, un nouveau disque, pour le printemps. Mais alors que l’on s’attendait à le revoir à la tête de ses fidèles Bad Seeds, c’est seul au côté de son acolyte Warren Ellis qu’il signe cet album. Une première pour le duo, qui n’avait jusqu’ici composé uniquement pour des bandes originales de films.

L’album est une nouvelle conséquence de la pandémie (ni la première, ni la dernière au vu des longs mois d’isolement que nous sommes tous en train de vivre). Car à l’origine, 2020 et 2021 devait voir les Bad Seeds arpenter les scènes du monde entier afin de défendre Ghosteen (2019, Bad Seed Ltd.), leur dernier LP en date. Le confinement en a voulu autrement, mais Nick Cave ne s’est pas pour autant laissé abattre. Peu après avoir enregistré un concert seul au piano et sans public –Idiot Prayer (Nick Cave Alone at Alexandra Palace), le chanteur australien a retrouvé son comparse dans un studio londonien pour donner naissance à de nouvelles chansons.

Warren Ellis & Nick Cave

Alors que durant les premières secondes du disque, l’auditeur est en terrain connu, très vite, les claviers & les boucles de synthés entêtants prennent le dessus, tandis qu’une certaine tension s’installe. Exit la mélancolie habituelle, l’ambiance n’est pas (plus?) aux lamentations, Nick Cave renoue avec sa voix de prêcheur tandis que Warren Ellis installe une ambiance fiévreuse à base de claviers que n’aurait pas renié Suicide. Ses textes sont quant à eux moins imagés qu’à l’accoutumée, il y aborde sur ces huit nouvelles compo’ la pandémie ou la mort de George Floyd. Plus poignante, la seconde partie du disque ramène l’auditeur sur un schéma plus classique, si cher à Nick Cave ces dernières années, à savoir un piano et une voix magnifiquement sublimés par des chœurs et des cordes.

À la fois très synthétique et terriblement rock ‘n’ roll malgré la quasi absence de guitare, Carnage est dans son approche plus proche d’un disque de Grinderman (side-project monté au coté de Jim Sclavunos, de Martyn P. Casey et de… Warren Ellis) qu’un disque des Bad Seeds. C’est un album noir terriblement bien ancré dans une époque qui l’est tout autant, la preuve formelle qu’une pandémie mondiale et des temps sombres peuvent avoir du bon sur la créativité des artistes. Au final, quoi de mieux pour décrire Carnage que les propres mots de son auteur : « C’est un disque brutal, mais très beau, niché dans une catastrophe collective. »

Nick Cave & Warren Ellis Carnage Goliath Records/Awal Records

TRACKLIST :

Hand of God
Old Time
Carnage
White Elephant
Albuquerque
Lavender Fields
Shattered Ground
Balcony Man



Album également disponible sur Apple Music, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, dès le 18 juin chez tous les bons disquaires indépendants !



Critique & écoute de Ghosteen (2019, Bad Seed Ltd.)

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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