Pit Samprass « Naked »

L’ex-chanteur des Burning Heads livre un album de reprises en acoustique. De sa part, la démarche pourrait étonner. Mais est-ce si surprenant que ça ?

Les American Recordings de Johnny Cash n’ont pas fini de faire des émules dans toutes les couches de la communauté musicale, toutes disciplines confondues. Pit Samprass (Pierre Mestrinaro pour l’état-civil), ex-DDT, ex-Burning Heads, aujourd’hui Monde de Merde et Brokken Roses, a enregistré ces chansons dans son propre studio. Le bonhomme a depuis toujours créé sur sa guitare acoustique et s’est, de tout temps, amusé à jouer pour le plaisir des reprises surprenantes de la part d’un chanteur réputé punk. De le voir débarquer outillé principalement de sa guitare acoustique n’étonnera pas ceux qui connaissent un peu son parcours. Sa sélection n’est pas très surprenante pour moitié, il reprend des standards punks notoires qui l’ont accompagnés toute sa vie, là où il prend tout le monde à contrepied, c’est avec des titres qu’on savait ou qu’on imaginait appartenir à son patrimoine culturel, mais de là à les mettre sur disque et qui plus est, en acoustique, c’est extrêmement culotté de sa part, et totalement pertinent en même temps. En l’occurrence, culotté n’est peut-être pas le terme le mieux approprié puisqu’il se met à nu comme l’insinuent l’intitulé et le visuel de l’album. Bien sûr, nous, Français, on va bloquer sur sa magnifique version anglicisée de “La chanson de Prévert” qui n’a pas fini de faire le buzz pour son audace. Quand il joue “Further On Up The Road” de Springsteen, c’est par le prisme de Johnny Cash qui lui, l’a reprise lors de ses American Recordings justement. Pit l’interprète façon Johnny Cash sans dénaturer son identité vocale. C’est là l’atout majeur de cet album. Pit Samprass se glisse dans le personnage de chaque interprète pour mieux l’incarner tout en veillant à ne pas déborder de son propre champ vocal. C’est Pit Samprass qui chante, pas un imitateur de Joe Strummer, Suzanne Vega, Tracy Chapman ou Serge Gainsbourg. C’est éblouissant. J’y allais à reculons, l’exercice semble tellement entendu, mais Pit Samprass m’a convaincu d’entrée, non pas par la sélection des premiers titres somme toute prévisible, mais par sa façon de les aborder. Ils commencent à être quelques-uns en provenance du punk rock à faire de très belles choses à l’aide d’une guitare acoustique et Pit Samprass n’est pas le dernier du peloton, loin s’en faut.

Puisqu’on a déjà les célèbres American Recordings de Johnny Cash qui ont bouleversé le monde de la musique depuis 1994, il y aura désormais les Orléans Recordings de Pit Samprass, non pas que ce disque fût enregistré à Orléans, mais Pit Samprass est natif de cette ville. Si ça pouvait l’inciter à nous pondre d’autres volumes du même acabit. Petit accessit à la magnifique pochette (un peu dans l’esprit American Recordings aussi, tant qu’à faire) pour un disque dont on va beaucoup parler.

Pit Samprass Naked Kicking Records

Face A

Bob
Police and Thieves
Don’t Want To Know If You’re Lonely
Save Your Generation
Not Listening
Silly Girl

Face B

Further On Up The Road
Behind The Wall
Bad Wisdom
I Want To Know
Script
Prévert Song

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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