Radio Birdman « Radios Appear »

Quand on parle Rock australien, on entend toujours les mêmes noms: AC/DC, INXS, Midnight Oil, Nick Cave et ses Bad Seeds et, de temps en temps, les Saints. Mais très peu connaissent les obscurs Radio Birdman. Malgré une carrière aussi brève qu’intense (de 1974 à ’78, sans compter les reformations), le gang de Sydney fut un modèle de Punk DIY. Radios Appear, leur premier album, fête cette année sa 40ème bougie et s’affirme plus que jamais comme l’un de ces albums cultes dont seule une minorité d’initiés ont entendu parler.

Formé par Deniz Tek, étudiant en médecine originaire d’Amérique du Nord, et Rob Younger, ancien leader des Rats, rapidement rejoints par Ron Keeley à la batterie, Phillip « Pip » Hoyle aux claviers, Carl Rourke (puis Warwick Gilbert) à la basse et, plus tard, le jeune Chris Masuak à la guitare; les Birdman se taillent, par leur intégrité et des concerts explosifs sans concession, une solide réputation dans les rues de Sydney. Alors que le Punk explose un peu partout dans le monde, les australiens, bien moins portés sur la défonce que la concurrence, débarquent avec un style et une fraicheur unique, qui doit autant au son de la Motor City (après tout, Tek est, comme ses modèles du MC5 et des Stooges, originaire du Michigan) qu’au Blue Öyster Cult des débuts, aux Doors, à la scène Rock du CBGB New-yorkais ou à la Surf music. Proto-Punk pour les uns, High Energy Rock ‘n’ Roll pour les autres, le groupe ne se prend pas la tête et consent à dire qu’il fait simplement du Rock.
Après s’être fait jeter par bon nombre de studios sydnéens, Tek et sa bande trouvent refuge auprès de Charles Fisher au Trafalgar, où ils enregistrent l’EP Burn My Eye puis Radios Appear -album dont le nom est tiré d’une chanson du Blue Öyster Cult– avec peu de moyen. Le producteur canalise à merveille l’énergie du groupe et ses influences, toutes digérées. La plus évidente, celle des frères Asheton bien sûr, avec en ouverture une sauvage reprise de « T.V. Eye ». S’ensuit une belle brochette de tubes supersoniques (« Murder City Nights », « Do The Pop », « Descent into the Maelstrom » ou « New Race ») qui façonneront l’identité du groupe et marqueront au fer rouge la scène rock australienne en général.
En plus de ses imparables salves Rock ‘n’ Roll/Punk, la bande Aussie se montre aussi capable de ralentir le rythme, avec notamment deux titres plus fins (« Love Kills » et « Man with Golden Helmet ») qui justifient à eux seuls la présence du génial Pip sur des parties claviers aux influences Jazz jouissives. Bien qu’il se suffise à lui-même, l’album s’est vu par la suite agrémenté d’une poignée de titres supplémentaires, devenus aussi essentiels que le reste de sa tracklisting, comme un « Aloha Steve & Danno » sur lequel ils revisitent avec culot (et classe) le générique de la série tv Hawaii Five-O (aka Hawai Police d’État), le furieux « What Gives? » ou « Monday Morning Gunk » et son intro’ très « guitar hero ».
Quelques mois après sa sortie dans le reste du monde, les Birdman auront à peine le temps de profiter de l’engouement apparu autour d’eux, et exploseront en plein vol lors d’une tournée anglaise catastrophique au coté des Flamin’ Groovies, après avoir tout de même eu le temps d’enregistrer un deuxième LP: Living Eyes.

Il ne tient parfois qu’à la chance de donner à un groupe ou un artiste l’occasion de devenir légendaire. Et de la chance, Radio Birdman n’en a jamais eu. Quarante ans après la sortie de son premier album, les groupe australien maudit a seulement conservé un statut d’outsider culte pour plusieurs milliers de fans fidèles éparpillés autour de la planète. Dommage, car à défaut d’avoir récolté le succès qu’il mérite, Radios Appear est bel et bien un trésor national.

Radio Birdman Radios Appear (1977, Trafalgar / 1978, Sire)

TRACKLIST:

Trafalgar (Australie)
Side A

T.V. Eye
Murder City Nights
Anglo Girl Desire
Man With Golden Helmet
Descent Into The Maelstrom

Side B

Monday Morning Gunk
Do The Pop
Love Kills
Hand Of Law
New Race

Sire (U.S. / U.K. / Europe)
Side A

What Gives?
Non-Stop Girls
Do The Pop
Man With Golden Helmet
Descent Into The Maelstrom
New Race

Side B

Aloha Steve & Danno
Anglo Girl Desire
Murder City Nights
You’re Gonna Miss Me
Hand Of Law
Hit Them Again



Album également disponible sur Spotify.



Critique du documentaire Descent into the Maelstrom
de Jonathan J. Sequeira consacré au groupe australien.

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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