Split System « Vol. 2 »

Après un premier album démoniaque, on attendait de pied ferme la deuxième salve des Australiens, persuadé qu’ils allaient encore une fois nous mettre une torgnole de maçon, l’effet de surprise en moins. Vous savez quoi ? La torgnole de maçon, on la prend, mais alors, pleine gueule, et comme on est bien élevé, on tend l’autre joue.

On restera polis, on dira qu’ils ne se sont pas trop cassés le cul pour intituler leurs albums. Après le Vol. 1, vient le tour du Vol. 2, et sans mettre votre PEL dans la balance, vous pouvez d’ores et déjà parier que le prochain se nommera Vol. 3, à moins que, par esprit de contradiction, le quintet emmené par Jackson Reid Briggs (déjà remarqué avec ses Heaters) décide de chambouler le protocole pour appeler le suivant : Clair de lune sur la baie de Port Phillip. Entre nous soit dit, c’est quand même peu probable. Mais avec ces punks, on sait jamais ! Melbourne est en pleine ébullition depuis quelques temps. La ville a toujours été très rock, mais là, y’a quelques nerveux qui s’excitent drôlement du manche. On pense évidemment aux Civic, aux Goutlaw et aux Stiff Richards, le groupe siamois de Split System puisque le guitariste Arron Mawson se partage entre les deux, en plus de toute la cavalerie qui, de Cosmic Psychos à Grindhouse en passant par Amyl and The Sniffers, n’en finit plus de nous tartiner les oreilles de kilowattheures supersoniques. Avec ce nouvel album, les Split mettent un peu plus de rock dans leur punk qui s’approche désormais des Saints (pour rester en Australie) et des Damned, avec toujours cette débauche d’énergie qui emporte tout sur son passage. Ce qui convainc chez eux, c’est leur sincérité, ils jouent en première intention, il n’y a aucun second degré, c’est frontal, dénué de sous-entendu ou de message sous-jacent. Ils sont authentiques et spontanés. Si le Vol. 1 nous avait pris par surprise, le Vol. 2 était attendu ; pour autant, il est tout aussi efficace que son prédécesseur. Avec Split System et Stiff Richards, on est en train d’assister à un nouveau courant australien qui, depuis Radio Birdman, ne nous avait pas autant emballé. Certes, il n’y a rien de neuf sous le 36ème parallèle, mais le neuf en matière de rock’n’roll, depuis soixante ans, c’est surfait ! Ce qui compte, c’est l’énergie, l’insouciance, la fougue, la jeunesse et à ce propos, si tu n’aimes pas Split System, c’est que tu es déjà trop vieux.

Split System Vol. 2 Legless/Goner Records/Drunken Sailor

Face A

The Wheel
Dave
Alone Again
Hold It
Temporary Freeze
End of the Night

Face B

The Blues
The Drain
Anything
Kill Me
Underground


Album disponible sur Apple MusicDeezer & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

One Comment

  1. Merci pour ces commentaires très éclairés qui permettent de découvrir des trucs, pour ce goût certainement très sûr, et ces accents « dig it » comme on les aime.
    Best.

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