This is not a Love Song 2018: le top de l’indé’

On n’aborde pas le This Is Not A Love SongTinals pour les intimes- comme un festival traditionnel. Le « rassemblement » nîmois, qui a réuni pour sa 6ème édition près de 16000 festivaliers, a finalement plus l’allure d’un week-end entre potes, avec qui on irait voir la crème de l’Indie Rock, mais pas seulement…

Arrivée tardive sur le site avec la chaleur occitane au rendez-vous, on rate de peu Mummy’s Gone, mais c’était surtout la légende Peter Perrett que l’on s’était promis de ne pas louper. A juste titre, l’ancien chanteur des Only Ones a, certes, pris un coup de vieux, mais assure toujours sur scène. Accompagné d’un backing band de haut niveau, Perrett interprète les trois quarts de How The West Was Won, son premier album solo sorti l’an passé chez Domino, ainsi qu’une poignée de tubes extraits du répertoire de sa mythique formation.  Vince Staples, sous un soleil plombant et seul sur la scène Flamingo, démontre qu’il n’a besoin d’aucun artifice pour convaincre son public. Sans Dj ou musicien, il est seul et occupe sans mal la grande scène. Le jeune emcee à l’attitude straight edge et l’avenir prometteur assure dans un set simple mais redoutablement efficace, composé d’un best of de ses deux albums Summertime ’06 et Big Fish Theory (Def Jam, 2015 & 2017). On navigue entre les scènes, passant des légendaires Sparks aux rockeurs anglais de Warmduscher. Culte pour beaucoup, on est emballé ni par la Pop des caméléons de Ron & Russell Mael, ni par le Blues/Rock Punk du groupe réunissant des membres de Fat White Family, Paranoid London, Childhood et Insecure Men (ces derniers annuleront d’ailleurs quelques jours avant leur performance de ce soir). On se jette aux premiers rangs de la scène Flamingo pour découvrir une autre légende en la personne du génial Beck Hansen. Fasciné par ses premiers albums sorti au début des 90’s -bouillon unique de Pop, Punk, Country, Blues et Hip-Hop D.I.Y.- on a hâte de découvrir l’homme en live. Malgré quelques tubes (« Devil’s Haircut », « Up All Night » ou « E-Pro »), le Californien offrira un show à l’américaine taillé pour les stades mais terriblement aseptisé, sans grande surprise et bien en deçà de nos attentes. Un concert d’une heure durant lequel il prendra la peine de présenter inutilement tous ses musiciens pendant une bonne dizaine de minutes… La déception de la journée. On alterne sur la scène Bamboo avec un groupe à l’opposé du chanteur Californien, les Flat Worms. Auteurs d’un excellent album sorti chez Castle Face Records -LA référence du Punk/Garage californien- le trio se jette dans tous les sens, à l’image de son public. Une grosse claque! 

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Jim Reid de The Jesus and Mary Chain sur la scène Flamingo par Boby Allin ©

Découvert une première fois au festival Rock en Seine, The Jesus and Mary Chain était l’un des groupes à ne pas rater en ce premier jour.Les frères Reid, en véritables références de Pop bruitiste, font très bien le boulot et livrent, à quelques morceaux près, le même set qu’au parc de Saint-Cloud, sauf que la sauce prend ce soir beaucoup mieux vu l’heure de passage du groupe (00h30), le set prenant, grâce aux violentes lumières qui accompagnent les Écossais, une toute autre ampleur. Sobre, mais terriblement efficace!

Samedi, on débute la journée avec les Suédois de Francobollo. Pur produit Indie Rock tout droit venu des 90’s, les Scandinaves offrent un set sympathique mais sans grand surprise. Très influencé par Pavement, Pixies et consorts, le groupe, pourtant relativement doué, manque un peu de personnalité. Rapidement, le premier choix cornélien du week-end s’impose, deux groupes américains se produisent à la même heure: les Buttertones et leur Surf/R&B, sur la grande scène Flamingo et Mattiel, coté Bamboo. Fasciné par son premier album éponyme sorti au printemps chez Burger (prévu en Europe pour juillet chez Heavenly Recordings), on se rabat sur la chanteuse d’Atlanta. Mattiel Brown et sa voix puissante, accompagnée d’un groupe renversant, ne font pas un seul faux-pas et convainc la quasi-totalité de son public en donnant en live un coté plus Rock ‘n’ Roll à ses compo’ déjà teintées de Soul, de Blues et de Pop. Une grosse claque!

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Mattiel Brown sur la scène Bamboo par Boby Allin ©

Pas emballé par le Rock ‘n’ Roll des Canadiens de Chocolat (pourtant signé chez Born Bad), on patiente sagement, une bière à la main en fouinant dans les bacs du disquaire Toulousain Vicious Circle jusqu’au concert de Father John Misty. Auteur d’un nouvel album (God’s Favorite Customer, son deuxième en un an), l’Américain Josh Tillman offre un concert à l’image de ses disques: Une belle Folk superbement arrangée et maitrisée, mais sans réel surprise. A la fois classieux mais par moment terriblement ennuyeux. Ennuyeux, voilà exactement ce que n’est pas Black Bones. Le groupe Rémois, formé sur les cendres des regrettés Bewitched Hands, ne ressemble pas non plus à son prédécesseur. Les cinq musiciens, grimés façon Mexicains avec leur sombreros, font danser l’assistance à base d’une Electro-Pop enivrante diablement dansante. Ce serait mentir que de dire que nous n’attendions pas impatiemment le concert de Phoenix. Bien que peu emballé par Ti Amo (2017, Glassnote), le groupe a toujours su nous charmer avec ses tubes Pop irrésistibles. Les Versaillais gagnent en classe sur scène, et si la superbe scénographie qui se marie à merveille avec leur musique y est pour beaucoup, c’est surtout grâce à la justesse de leur set. Thomas Mars, Deck d’Arcy, Laurent Brancowitz et Christian Mazzalai, secondés sur scène par le clavier Robin Coudert et l’incroyable batteur suédois Thomas Hedlund (Cult of Luna) enchainent les tubes avec aisance durant tout le set.  C’est simple, il n’y a rien à jeter dans leur sélection de chansons (« If I Ever Feel Better », « Entertainment », « 1901 », « Lisztomania« , « J-Boy », « Trying to be Cool », « Lasso »), la « French Touch » semble bel et bien toujours vivante!
Après la belle leçon Pop de Phoenix, on se réserve pour le Californien Ty Segall. Quelques années plus tôt, le Californien et son groupe, venu défendre l’excellent Manipulator (2014, Drag City), avait fait forte impression. Seulement depuis, sa trop grande productivité (un, voire deux albums par an) nous a un peu perdus. Ce soir, il est accompagné du « Freedom Band » et livre un concert qui n’aura d’autre effet que de diviser encore plus fans et détracteurs. Car si le groupe assure avec un son puissant et une énergie indiscutable (comme toujours), on a toujours l’impression qu’il joue avant tout pour lui, et non pour son public. Segall, tourné vers son batteur (le fidèle Charles Moothart) s’amuse en plus de ça à étirer morceaux et soli de longues minutes durant, à la manière de jams pendant une répèt’… Pas plus emballé que ça, on lâche donc l’affaire…

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Rolling Blackouts C.F. sur la scène Flamingo par Boby Allin ©

Dimanche, le temps se couvre dès les premières minutes de l’ouverture du site…On se hâte tout de même pour découvrir l’une des plus récentes signatures de Sub Pop: Rolling Blackouts Costal Fever. Originaire de Melbourne en Australie, le quintet livre sur disque une Indie Pop sacrément bien foutue, dans la lignée de leurs compatriotes des Go-Betweens. Très vite, le charme opère, et le public se réunit rapidement en masse devant les Australiens. Le groupe donne un bel aperçu de son premier album (Hope Downs) ainsi que de ses EP (Talk Tight et The French Press) et s’applique sur des titres ou les trois chanteurs, Fran Keaney, Tom Russo, et Joe White se succèdent, devant une section rythmique solide et précise (Joe Russo à la basse et Marcel Tussie à la batterie). Un groupe à suivre de très près..! S’il existe un personnage à part au sein de la scène Indie Rock Américaine, c’est bien Bradford « Atlas Sound » Cox.
A la tête de Deerhunter depuis plus de quinze ans avec sept albums studio, le songwriter a récemment décidé de changer complètement le line-up de son groupe. Sur scène, les Américains jouent leur Pop bricolée à TRÈS haut volume; difficile d’apprécier pleinement le concert sans être un fan inconditionnel…
Entre deux titres de Deerhunter, quelques soubresauts Punk attirent notre curiosité près de la scène Bamboobobby allin 2018 tinals this is not a love song festival les lullies soul concert live report chronique critique rock n roll pop soul punk garage nîmes smac paloma Il s’agit des Montpelliérains Les Lullies, qui donnent dans un Garage/Punk sans concession, joué, lui aussi, relativement fort. Fort d’un 45 tours (Don’t Look Twice) sorti sur le prestigieux label de Las Vegas Slovenly Recordings, le quatuor écrase tout sur son passage, et rappel à tous que le Rock ‘n’ Roll en France a encore de beaux jours devant lui.
On se réserve pour Cigarettes After Sex, qui promet de belles envolées Pop/Folk. Alors que l’unique album du groupe proposait de magnifiques chansons envoutantes, la musique du groupe n’a pas grand intérêt sur scène et les compo’ de Greg Gonzalez et sa bande peinent à réellement décoller. Dommage… En réalité, peut être que le peu d’engouement que nous avions pour les Texans de Cigarettes After Sex était aussi dû à notre impatience de retourner près de la scène Flamingo pour retrouver nos chers Breeders. Les sœurs Deal, la bassiste Josephine Wiggs et le batteur Jim McPherson, rabibochés depuis 2012 pour la triomphale tournée anniversaire des 20 ans de Last Splash ont finalement donné naissance, 25 ans après leur mythique album à de nouveaux enregistrements avec l’excellent All Nerve, sorti au printemps. En super forme, le groupe partagera sa bonne humeur (exepté Wiggs qui a l’air de cruellement se faire chier) sur une setlist composée en grande partie de tubes extraits des deux albums sus-cités (« New Year », « Wait in the Car », « Divine Hammer », « Spacewoman », l’indispensable « Cannonball » ou « Drivin’ on 9 » et son hilarant solo vocal signé Kelley Deal), d’un titre de leur premier effort Pod (« Glorious »), du sous estimé Title TK (la belle ballade minimaliste « Off You ») et d’une petite surprise (l’énorme tube « Gigantic » de Kim Deal extrait du Surfer Rosa des Pixies). Bref, on passe tellement un bon moment en présence du groupe de l’Ohio que même la pluie ne parvient pas à assombrir l’événement. On réalise alors que le beau moment passé au côté du groupe des Deal nous a fait zapper le set génial d’Ezra Furman…On décide pour la peine de se positionner, un peu en avance, devant la grande scène Paloma afin de ne pas rater une miette du phénomène Punk Idles. Forts d’un paquet d’EP sortis depuis 2012 et, surtout, d’un excellent premier album sauvage (Brutalism en 2017 chez Balley), les natifs de Brighton ne faillissent pas à leur réputation scénique. Dès les premières minutes de leur set, les cinq Anglais (et en particulier le chanteur Joe Talbot et les deux guitaristes Mark Bowen et Lee Kiernan) se jettent partout et occupent chaque centimètre de la scène tout en offrant, en plus de ça, une interprétation magistrale de leurs compos, oscillant entre Rock sauvage et Post-Punk hargneux. Assurément LA plus grosse branlée du festival! Il n’y a rien à faire, après un concert comme celui d’Idles, on a du mal à apprécier quoi que ce soit…

Et même les légendes Mike Patton et Dave Lombardo, pourtant relativement imposants du côté de la scène Flamingo avec Dead Cross n’y feront rien. On quitte donc le site du festival, rincé mais comblé d’une édition une fois de plus particulièrement réussie en se disant que Télérama ne s’est pas trompé en le qualifiant de meilleur festival de Rock indépendant en France… See you next year TINALS!

Festival This Is Not A Love Song
(vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 juin 2018) à Nîmes.
Une co-production Paloma/Come on People

Photos de Boris Allin ©
excepté Vince Staples et le cliché du public par Alexandra de Lapierre aka Adelap ©
Vidéos par Viens On Fait Rien



Nos coups de cœur en playlist!


Playlist également disponible sur Spotify.


Compte rendu de l’édition 2017 du This is not a Love Song Festival

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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