Doldrums « The Air Conditioned Nightmare »

The Air Conditioned Nightmare
Je suis tombée amoureuse de Doldrums avant même de les avoir écoutés. C’était en 2013, le magazine Magic publiait une photo d’eux magnifique, en noir et blanc, légèrement rosée : un homme en tenue débraillée qui marche seul dans la rue, sans but précis. Promesse de violence douce et de rêves romantiques. Coup de foudre immédiat. Par chance, le premier titre que je suis allée écouter s’appelait « Anomaly », une merveille électro­pop dark, ânonnée par une voix androgyne et peuplée de trébuchements mélodiques. Un choc. Le mystère restait entier sur le corps dont émanait cette musique, mais ma décision était prise : j’allais aimer ce groupe.

Leur album Lesser Evil (Souterrain Transmissions, 2013) avait confirmé toutes mes attentes : le groupe originaire de Montréal est un artisan de la pop industrielle, quelque part entre la coldwave et la techno tribale, un spécialiste des ruptures de tons et de rythmes, décuplant les voix comme autant de personnages qui hantent notre imaginaire. A l’image de leur compatriote TR/ST, signé sur le label de Toronto Arts & Crafts, leur nouvel opus part explorer des terres plus dansantes qu’auparavant, avec des titres comme « Loop » et « We Awake », parfaits pour les clubs underground berlinois. Si la noirceur est toujours là (les tonitruants « Hotfoot » et « My Friend Simjen », sortes de Battles crépusculaires), on sent que le groupe a désormais envie de faire un peu la fête, sans pour autant perdre la mélancolie qui fait toute leur beauté (le sublime « Blow Away » ou l’aérien « Video Hostage »).
Les expérimentations électroniques de Lesser Evil se sont donc un peu calmées, la voix d’Airick Woodhead a repris possession de son corps d’homme, pour nous offrir un album toujours aventureux, mais plus cohérent et tranchant. Le groupe semble être redescendu sur terre et avoir décidé de produire une musique plus viscérale et écoutable en toute circonstance, c’est­-à­-dire pas uniquement lors d’une bouffée délirante.

Alors certes, il manque les quelques moments de grâce que nous réservait le précédent album, comme « Anomaly » et « She Is The Wave ». Mais The Air Conditioned Nightmare a au moins le mérite de pouvoir s’écouter en entier, sans être obligé de faire des pauses de récupération auditive tous les deux titres. La passion fusionnelle a laissé place à une romance complice.

Doldrums The Air Condinioned Nightmare Sub Pop

TRACKLIST :

Side A

HOTFOOT
Blow Away
Funeral for Lightning
We Awake
Video Hostage

Side B

Loops
iDeath
My Friend Simjen
Industry City
Closer 2 U



Julia Rivière

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