Elbow « Little Fictions »

Little Fictions
Il est étonnant, dans le monde globalisé et harmonieux dans lequel on vit, que certains albums ne soient accessibles qu’en tant qu’« imports ». D’autant plus quand ils viennent de l’autre côté de la Manche et qu’ils concernent un groupe plutôt majeur de la scène UK. Et, oui, nous parlons bien ici du dernier album d’Elbow, Little fictions, leur septième (fiction) du nom.
Un album à l’huile de coude

Une des particularités du groupe a toujours été son attention aux détails et un certain degré de sophistication (mélodies, arrangements…) qui ont systématiquement abouti à des albums de haut vol. Ce qui avait même poussé son chanteur/leader/lover quadragénaire Guy Carvey à sortir en 2015 un album solo (Courting the Squall, Polydor), arguant alors que c’était beaucoup plus simple de pondre un album tout seul plutôt qu’avec un groupe qui fonctionne en mode usine à gaz, où tout est discuté en long et en large. Néanmoins il assurait alors qu’il y avait de la place pour retourner au charbon, dont acte. Sauf qu’à la première écoute il y a comme un truc qui cloche pour ceux dont l’attente était haute. Et, pour cause, en grattant un peu il apparait qu’il n’y a plus de batteur dans le groupe, celui-ci (Richard Jupp) ayant quitté l’aventure juste avant l’enregistrement… Les boucles ont donc pris sa place, l’ensemble dynamique est quelque peu altéré et ça se ressent, hélas.

Great expectations (and little fictions)

Au moment où j’écris cela j’éprouve en même temps une terrible culpabilité car ce groupe est tout de même encore capable du meilleur et la magie opère ponctuellement dans l’album, à la seconde écoute et à celles qui suivent. L’ouverture « Magnificent (She Says) » porte par exemple bien son nom et représente l’excellence à laquelle Elbow nous a habitués, tout comme avec les titres « Trust The Sun », « All Disco » et « Kindling ». À coté de ces titres on s’interroge un peu plus sur l’aboutissement de « Head for Supplies », « Firebrand & « Angel, « Montparnasse » et on se pose franchement des questions sur le sens des discoïdes
« Gentle Storm » et « K2 » que la voix de Guy n’arrive pas à sauver. L’alambiqué et ambitieux « Little Fictions » — dont on croirait que la batterie a été paramétrée en mode Phil Selway (Radiohead) — représente quant à lui le point d’orgue d’un album qui s’est manifestement cherché et est à l’image de l’édifice : solide mais désorientant par endroits.

Big in Britain

Mais peut-être vit-on définitivement dans un univers parallèle (ou une bulle filtrante) car à sa sortie cet album s’est directement placé number one des ventes en Grande-Bretagne. Un véritable plébiscite, donc, pour un groupe qui n’a cessé de s’institutionnaliser avec le temps. Peut-être même trop?, telle est la question. Pendant ce temps là, ici bas en France, Elbow reste plutôt confidentiel après 20 années d’activité et de trop rares concerts. Il n’est pas sûr que l’avenir change la donne.

Elbow Little Fictions Polydor/Concord
Site web d’Elbow et de Polydor.

TRACKLIST:

Side A

Magnificient (She Says)
Gentle Storm
Trust the Sun
All Disco
Head for Supplies

Side B

Firebrand & Angel
K2
Montparnasse
Little Fictions
Kindling



Album également en écoute sur Spotify par ici.



Rodolphe Canale

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