Endless Boogie « Admonitions »

Le groupe heavy blues psyché le plus excitant du nouveau millénaire daigne donner suite à Vibe Killer (2017) avec un album prodigieux qui colle aux enceintes comme un chewing-gum à la semelle.

Les New-Yorkais nous adressent une sévère réprimande avec sept péchés capitaux ventilés en quatre actes. La cérémonie païenne dure 1 h 22 pour sept titres dont deux s’étirent sur plus de 22 minutes chacun. Autant dire que l’affaire est pliée d’avance pour envisager des passages radio. Ou alors, va falloir s’en remettre aux émissions nocturnes diffusées sur les ondes subversives, celles qu’on écoute sous le manteau par crainte de finir banni par les moralistes atteints d’agueusie et de surdité. Avec ce nouvel album, le gang au trident de guitares a même l’audace d’en ajouter une quatrième avec Kurt Vile le temps de “Counterfeiter”. La voix Tom Waitsienne de Paul Major macérée au jus de chique et à l’alcool frelaté arrive à se positionner sur certains titres comme un épouvantail au milieu d’un champ de maïs (“Disposable Thumbs”), c’est tout à la fois effrayant et en même temps, rassurant. Va bien falloir qu’un jour, Endless Boogie, James Leg et Tom Waits mêlent ce qu’il leur reste de sang dans la gnôle qui leur coule dans les veines. Le côté heavy blues qui s’étire pendant des heures, ça a généralement vite fait de m’ensuquer, et là, étonnamment, ça m’électrise, ça m’hypnotise. Endless Boogie synthétise Cream, Blue Cheer, Tom Waits, Black Diamond Heavies et James Leg et ce nouvel album ne déroge pas à la règle. Pour autant, le quintette est aussi capable de ficeler un boogie pub rock saignant (“Bad Call”) à désosser un jambon à la hache ou même de projeter un drone chez les petits lutins bleus qui habitent dans des champignons magiques (“The Conversation” et “The Incompetent Villains of 1968”). La pochette montre Paul Major assis, ce qui ne donne aucune indication sur le contenu du disque, convenez-en. Les gens sont bizarres des fois. Un disque majestueux et envoûtant.

Endless Boogie Admonitions No Quarter/Modulor

Face A

The Offender

Face B

Disposable Thumbs
Bad Call
Counterfeiter

Face C

Jim Tully

Face D

The Conversation
The Incompetent Villains of 1968


Album disponible sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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