Sur le papier, le concept était plutôt vendeur : Après 20 ans de carrière, les Foo Fighters ont décidé de se réinventer en enregistrant dans différentes villes et studios à travers les Etats-Unis, afin de s’imprégner de l’ambiance de ces derniers. Pendant leur séjour, leur leader, Dave Grohl, leader autant adoré que détesté par la communauté rock internationale pour son capital sympathie assez élevé, interviewera divers musiciens et protagonistes ayant joué un quelconque rôle dans l’histoire de la ville, et filmera le tout pour une série diffusé sur la chaine HBO, intitulé, comme l’album, Sonic Highways.
Le Dave, pas la moitié d’un con, nous alpague donc avec sa série, gros coup de comm’ à peine déguisé mais sacrément intéressant, qui sert finalement de making of à son disque. Des musiciens de tous styles se succèdent devant la caméra, de Ian McCaye à Josh Homme, en passant par Buddy Guy, Mike D, Steve Albini, Tony Joe White ou même Pharrell Williams, et force est de constater que le boulot est plutôt bien fait, car on en apprend des tas. A la fin de chaque enregistrement, Dave Grohl se colle aux lyrics en s’inspirant de toutes les histoires qu’il a entendues durant ses interviews.
Annoncé comme leur album le plus ambitieux, le disque laisse pourtant avec un sentiment amer à la première écoute. Car ces huit titres sonnent comme du Foo Fighters pur jus, avec quelques parties bien réchauffées. L’atmosphère des villes dans lesquelles les morceaux ont été enregistrés se ressent à peine, et les collaborations avec les musiciens locaux sont plutôt discrètes et souvent dispensables. Ça partait pourtant d’une bonne attention, on appelle les vieux potes de Scream qui se la jouent choristes sur “The Feast And The Famine” ; Rick Nielsen (Cheap Trick) qui ajoute une énième partie guitare sur “Something From Nothing” (comme si trois ne suffisaient pas…) ou Ben Gibbard (Death Cab For Cutie/The Postal Service) en backing vocals sur “Subterranean”. Et c’est là que Grohl et sa clique se plantent, à vouloir trop en faire, Sonic Highways ressemble tout bonnement au gâteau indigeste que votre grand-mère essayait de vous faire avaler pour vos 10 ans ! On veut en faire des caisses, et au final, les morceaux sont interminables (seul un titre de moins de 4 minutes) et la liste de collaborateurs dépasse largement celle d’un album de rap américain du début des années 2000.
Heureusement que les gars ont de la bouteille et qu’ils savent écrire, sinon, on courrait à la catastrophe. Car, malgré un bon nombre de défauts, Sonic Highways, bien qu’étant loin d’être l’un des meilleurs Foo, remonte un peu dans nos estimes, si on prend la peine de s’y attarder plus longuement. Il est nécessaire pour ça de se nourrir de la série, afin d’apprécier tout les clins d’œil dans les textes de Grohl. Ainsi, on tombe sous le charme de ”Outside” (qu’on imagine pourtant lourdement s’étirer en concert), le punk/rock “The Feast And The Famine” ou ”In The Clear”, sur lequel on retrouve le Preservation Hall Jazz Band, seul featuring digne d’intérêt sur le disque.
Pour résumer, cette huitième livraison plaira aux fans pur et durs avant tout, soit ceux qui n’ont pas décroché en 1999 avec There Is Nothing Left To Lose et qui aiment les Foo autant pour leurs racines punk que leur coté stadium rock.
Foo Fighters Sonic Highways Roswell/RCA
Chronique publiée dans le magazine New Noise.
TRACKLIST:
Side A
Something From Nothing Ft. Rick Nielson
The Feast And The Famine Ft. Pete Stahl & Skeeter Thomson
Congregation Ft. Zac Brown
What Did I Do? / God As My Witness Ft. Gary Clark Jr.
Side B
Outside Ft. Joe Walsh & Chris Goss
In The Clear Ft. The Preservation Hall Jazz Band
Subterranean Ft. Ben Gibbard & Barrett Jones
I Am The River Ft. Kristeen Young & The Los Angeles Youth Orchestra
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