Gallon Drunk et Brain Zero au Baraka

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Il aura fallu attendre 25 ans de carrière pour que Gallon Drunk se produise à Clermont-Ferrand. Pas que les Londoniens boudent le pays, ils y viennent régulièrement, mais la ville n’a jamais dû apparaître sur leur GPS jusque-là. Et s’ils sont passés nous en mettre une grosse en cette veille de commémoration d’armistice, on le doit au désistement d’un autre lieu, ailleurs en France, et à la détermination de l’équipe du Baraka de ne pas laisser passer pareille opportunité.
Le public ne s’y est pas trompé. 150 personnes ont accouru. Ce qui, pour un lundi soir, aussi veille de férié soit-il, relève du miracle. Surtout à Clermont-Ferrand. Ouais, mais Gallon Drunk quand même !

Gallon Drunk qui comprend dans ses rangs un chanteur qui a été des Bad Seeds de Nick Cave. Si on ajoute Lydia Lunch au chant, Gallon Drunk devient Big Sexy Noise pour passer de coma éthylique à partouze sonique en quelque sorte ! C’est du joli ! On les a vus mouiller la chemise avec PJ Harvey et je passe sur les douze milliards de collaborations prestigieuses auxquelles s’est livré chaque membre du groupe, chacun de son côté.

Aux locaux Brain Zero de hisser les vumètres dans le rouge. Le power-trio mixte emmené par Yogui (ex-bassiste de Stetson) propose une pop-rock dissonante et pétillante. Ça nécessite de vieillir, de prendre de l’assurance, mais ça promet de beaux lendemains. Encore un peu timide, Brain Zero devra jeûner 48 heures avant de monter sur scène la prochaine fois, afin d’avoir les crocs. Quand les chatons deviendront lions, ça va rugir. Petite accalmie avant de se faire laminer par le rouleau-compresseur.

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Gallon Drunk attaque. Dans tous les sens du terme. Du plus littéral au plus pervers. En vrombissant tel un B 52 au-dessus de nos têtes avec la ferme intention de nous déverser un tapis de bombes sur la gueule. Et il s’applique à mettre ses menaces à exécution le salopard. L’humeur est au dernier album, l’envoûtant The Soul of the Hour (Clouds Hill, 2014). De longs morceaux hypnotiques bâtis sur des boucles vertigineuses. Une batterie du fond des âges appuyée par une basse reptilienne qui s’immisce partout constitue la rythmique sous-cutanée, une guitare diluvienne aux morsures brûlantes, un clavier qui intervient comme des éclairs dans le ciel ombragé et un saxo en provenance des entrailles de la Terre portent à bout de fuzz une voix abrasive dans un chant de velours. Piquer une tête dans cet ouragan sonique, c’est accepter de se faire molester et cautionner son addiction au rock’n’roll. Avec consentement mutuel.

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Imagine un étau composé de deux mâchoires, une Stooges, une Mudhoney et Gallon Drunk en guise de vis. Quand le quatuor catapulte “You Made Me”, extrait de The Road Gets Darker from Here (Clouds Hill, 2011), son “Touch Me I’m Sick” à lui, son “No Fun”, c’est le coup de grâce.
Gallon Drunk a produit un show assourdissant dans un Baraka conquis de gré, et de force. Le quatuor a fait preuve d’humilité et a démontré qu’on pouvait faire sonner les instruments même dans les lieux réputés difficiles. L’apanage des plus grands.

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Le DJ de la soirée a eu bon goût de rester sur la même note en enchaînant avec les Stooges et Radio Birdman après Gallon Drunk pour une soirée parfaite de bout en bout.

Set List:
Before The Fire
Exit Sign
Hanging On
Just One More
Soul Of The Hour
Killing Time
Traitor’s Gate
Speed Of Fear
You Made Me

Salle: Le Baraka.
Photos par Yann Cabello © son site web ici.
Site Web de Gallon Drunk et de Clouds Hill.


Critique de l’album
The Soul of The Hour (Clouds Hill, 2014)

The Soul Of The Hour

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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