Her & Colt Silvers à La Coopérative de Mai

Her & Colt Silvers à la Coopé

Deux groupes de qualité se partageaient l’affiche de La Coopérative de Mai en cette froide soirée d’hiver: Le très en vogue duo rennais Her et les Alsaciens de Colt Silvers, deux formations au style complètement opposés qui sont parvenues à nous faire oublier la grisaille d’un jeudi de février.

her colt silvers concert la coopérative de mai clermont-ferrand février 2017

Le club de La Coopé’ commence à peine à se remplir quand les Colt Silvers débutent leur set. Le trio, quatuor sur scène, est là pour défendre l’ambitieux Swords, sorti en septembre dernier sur leur label Deaf Rock Records. Les Alsaciens ont sacrément bien bossé leur set et le public, qui n’est pourtant pas venu pour eux, se met vite dans le bain. Une grande partie de leur concert est consacrée à leur troisième album, tout en distillant ça et là quelques titres de leur précédent opus (Red Panda, 2014) et, alors que sur disque, la production fait souvent la part belle à une Electro/Pop embellie par de beaux arrangements, sur scène, le groupe part dans un son plus racé, plus proche d’un Post-Punk aux rythmes martiaux. Mention spéciale à la belle scénographie du groupe, qui colle parfaitement avec l’ambiance dégagée par leurs titres. Les Strasbourgeois jouent pied au plancher et livrent un set varié, parfaitement équilibré, entre Pop tubesque et Electronica enivrante. Avec cette prestation dantesque, les Colt Silvers viennent tout juste de rentrer dans la catégorie des groupes français injustement sous-estimés.

Her @ La Coopérative de Mai par Yann Cabello

Alors qu’on ne savait pas trop à quoi s’attendre avec Her, duo Soul/R&B au succès grandissant et plébiscité par la presse hexagonale, on se félicite de leur avoir laissé une chance ce soir. Victor Solf et Simon Carpentier (anciens de Popopopos), sont absolument parfaits dans leurs rôles de dandy crooner, accompagnés par un trio guitare/basse/batterie absolument impeccable. Le groupe ne se contente pas seulement de pratiquer un style musical rétro, il adopte également une tenue vestimentaire qui fait largement penser aux revues Soul des 70’s.
Bizarrement, lorsqu’il débarque sur scène, on se surprend à découvrir un semblant d’arrogance sur le visage des deux leaders…un sentiment vite estompé qui s’avère complètement faussé et ce, dès que le duo s’adresse à l’assistance. Il apparait alors sincère, simplement heureux et ému d’être là ce soir.
Le groupe, qui pourrait souffrir d’un manque d’authenticité (n’est pas Otis Redding qui veut!), s’en sort avec les honneurs avec sa Soul sensuelle, brillant hommage à la Femme, qui tangue parfois vers des influences plus contemporaines: on perçoit notamment un soupçon de Hip-Hop sur « Union » ou un R&B à la façon des Anglais de Jungle sur leur single « Five Minutes ». Victor et Simon alternent le poste de chanteur à tour de rôle, chacun dans un style différent et l’intégralité de leur EP Tape #1 est joué, auquel le groupe ajoute son nouveau single (« Queen »), un nouveau titre extrait de son prochain mini album ainsi qu’une superbe reprise de Sam Cooke, d’une justesse absolument bluffante.

Her @ La Coopérative de Mai par Yann Cabello

Alors que le duo rennais n’a pour l’instant qu’un seul EP au compteur, on comprend clairement qu’il a choisi la qualité à la quantité, distillant tranquillement ses titres au fil des mois. Sur scène, même constat, le groupe prend son temps et s’applique. Tout est carré et millimétré, ce qui ne les empêche pas de prendre énormément de plaisir, un plaisir largement partagé par le public. Seul bémol que l’on pourrait reprocher à leur set quasi-parfait, l’absence de choristes (présentes sur certaines dates) et d’une section cuivres (pourtant essentiel pour un groupe du genre), qui pourrait embellir l’ensemble.

Voilà le genre de concert auquel on aimerait assister plus souvent, la salle était malheureusement loin d’être pleine, mais le public présent semble avoir été unanimement conquis par les deux formations.

Salle: La Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand
Photographies: Yann Cabello ©



Critique de Swords de Colt Silvers
(Deaf Rock Records/La Baleine, 2016)

Colt Silvers Electro Rock Pop Tristan Lepagney Nicolat Lietaert Agnan Banholzer Deaf Rock Records Swords
 

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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