Joe Tatton Trio « Big Fish »

Quand le pianiste des immenses New Mastersounds se la joue perso, je te prie de croire que t’as de grosses giclées d’adrénaline soul qui te remontent dans les tuyaux et que tu grimpes fissa au rideau. Cramponne-toi aux ridelles, ça secoue les bretelles.

Les New Mastersounds sont un des groupes majeurs de la soul music actuelle. De la trempe des plus grands avec les Dap-Kings, les Galactic, les Monophonics, les Bamboos, les Speedometer ou les Mighty Mocambos pour n’en citer que quelques-uns en activité autour de la planète. Si Joe Tatton se permet un pas de côté de temps à autres, c’est pour mieux développer sa conception New Orleans de la soul jazz à tel point que les premiers morceaux de ce nouvel album (“Just Don’t Stop”
appuyé par les cuivres des Haggis Horns pour l’occasion, le très Dr Johnnien “Big Fish” ou “Is Anybody There”) sont Treme-o-compatibles. Le Joe Tatton Trio est composé de Joe Tatton au chant et au piano, Steve Mackie à la contrebasse et à la basse et Kenneth Blevins à la batterie. Et un paquet d’invités pour le complément élémentaire en cuivres, en cordes, en flûte, en guitare et même en vocaux. Quand le Joe Tatton Trio joue en formation triangulaire, son expression soul jazz est teintée New Orleans pour un album en hommage en partie au célèbre bluesman Mose Allison dont il reprend “Ever Since The World Ended” ici, un disque enregistré à Franklin dans le Tennessee. Les ambiances Nouvelle-Orléans virent par moments Dr John, pas dans la voix évidemment. Celle de Joe Tatton n’est pas encore patinée par le temps. Mais l’ambiance est là, les sonorités, les saveurs, les senteurs, on s’y croirait. Le titre de l’album déjà ! Big Fish déroule durant trois quarts d’heure en délivrant une étonnante palette de couleurs sans jamais s’écarter d’une direction artistique clairement définie. Des rues de la Nouvelle-Orléans, on passe par un cabaret à la lumière tamisée ou à des sonorités totalement éloignées de cette ambiance du sud pour des teintes plus “européennes” ou par un piano chafouin qui glisse en loucedé un clin d’œil à Ray Manzarek sans avoir l’air d’y toucher sur “Timeline” par exemple. Ce disque est prodigieux, d’une surprenante richesse, d’une vraie joie de vivre, ça fait du bien en ce moment. Archi méga ultra recommandé par les services sociaux de cet honorable établissement.

Joe Tatton Trio Big Fish Rodina Music

Just Don’t Stop
Big Fish
Is Anybody There
Like Ike
We’re Still Here
Timeline
Firefly
Ever Since The World Ended
Fake Blues Stomp
Permission To Land
I Don’t Like Your Manners

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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