Julia Jacklin « Crushing »

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Des milliers d’albums, EP et compilations voient le jour chaque année. Difficile de prêter une oreille à chacune de ces sorties, surtout lorsque l’on apporte autant d’importance aux indépendants qu’aux artistes/groupes majeurs. Il s’en est fallu de peu pour que l’on passe à côté de Julia Jacklin

En réalité, la jeune songwriter australienne est loin d’être inconnue, son premier album, Don’t Let the Kids Win (2016, Polyvinyl), avait d’ailleurs eu bonne presse à sa sortie. Mais c’est surtout cette reprise du Someday des Strokes -enregistrée lors de l’émission Like a Version sur la radio Triple J il y a bientôt deux ans- qui a réellement attiré notre attention. Là, on a vraiment eu la confirmation qu’on était passé à côté de quelque chose. Jacklin et son groupe s’appropriaient le célèbre single des New-yorkais, le transformant en une superbe ballade crève cœur. On craint souvent, à juste titre, le second album d’un artiste qui aurait signé avec son premier né un chef d’œuvre. Jacklin a elle involontairement fait l’inverse. Alors que son premier LP était une belle surprise, Crushing -qu’elle a une fois de plus écrit et composé seule- est plus poignant, plus électrique, plus maîtrisé, plus ambitieux ; pour faire court : meilleur ! Impossible de résister à la sensibilité et la mélancolie que dégage le trio gagnant Don’t Know How to Keep Loving You, When the Family Flies In et Convention. À l’opposé, on retrouve You Were Right, Pressure to Party et Head Alone, plus entraînants, plus tendus mais tout aussi mélodiques. Six titres qui démontrent l’aisance de Jacklin à naviguer d’une ambiance à une autre avec un immense talent. Pour faire dans la comparaison, on pense à la fragilité de Chan Marshall à ses débuts avec néanmoins une voix plus affirmée quelque part entre Angel Olsen et Sharon Van Etten. Musicalement, l’album oscille entre Folk fragile et Indie Rock tendue, le tout, avec une production sans fioriture précise et maîtrisée. Les guitares, plus présentes (ou en tout cas plus mises en avant) et les titres gagnent en intensité par rapport à ceux de son premier LP. Jacklin s’affirme, ces deux années de scène intensives l’ont forgée et elle semble avoir gagné en personnalité. D’ailleurs, Crushing traite beaucoup de ça : de grandir, de rompre, de s’émanciper et de réaliser qu’on est parfois meilleur seul.

Pas besoin d’y allé par quatre chemins, Julia Jacklin signe tout simplement l’un des grands disques indé’ de l’année. Comme sa compatriote Courtney Barnett avant elle, Jacklin fait figure de femme forte dans une scène Indie Rock toujours trop masculine.

Julia Jacklin Crushing Transgressive/Pias

TRACKLIST :

Side A

Body
Head Alone
Pressure To Party
Don’t Know How To Keep Loving You
When The Family Flies In

Side B

Convention
Good Guy
You Were Right
Turn Me Down
Comfort



Album également dispo’ sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires inde’ ! 



Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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