Kevin Morby & Night Shop à l’Épicerie Moderne

La St Valentin, le jour des amoureux… La seule soirée de l’année où tous les couples, jeunes comme vieux, s’amassent amoureusement au restaurant pour y déguster des menus uniques à des prix (souvent) exhorbitants. Mais cette année, l’Épicerie Moderne de Feyzin proposait une belle alternative : la venue du génial songwriter Kevin Morby et de son acolyte de toujours Night Shop. Brillante idée !

La soirée n’affiche pas complet, mais de nombreuses personnes sont déjà présentes lorsque Night Shop débute. Justin Sullivan à la ville, un ami de longue date de Morby. Il a accompagné le chanteur/compositeur sur bon nombre de ses projets à la batterie (au sein des Babies comme sur ses albums solos) avant de le suivre sur la côte ouest des États-Unis. C’est là qu’il a formé le groupe punk Flat Worms (signé chez Castle Face puis sur le label de Ty Segall GOD? Records) avant de se lancer en solo. Ce soir, il interprétera une version épurée de son de son EP éponyme mêlé à des titres de In The Break (2018, Mare Records), son premier album. A la guitare acoustique et au chant, on redécouvre ses chansons sous un nouveau jour, différentes des disques où elles étaient plus arrangées, plus électriques. Sullivan se montre touchant et communique avec l’assistance, qui semble déjà connaitre les paroles.

Justin Sullivan aka Night Shop, auteur de In The Break en 2018

Un set efficace, sobre mais classieux. À croire que la classe soit le mot d’ordre de la soirée, car la suite de la soirée s’annonce tout aussi réussit. Le songwriter du Kansas débarque pour la première fois, seul. Dans un style navigant entre country folk et rock indé’. On a toujours été habitué de le voir accompagné par un bon backing band sur scène (comme il y a quatre ans ici-même, à Feyzin). Cette fois-ci, le chanteur/compositeur se lance un nouveau défi à l’opposé de son dernier album, très arrangé et ambitieux (Oh My God, sorti en 2019 chez Dead Oceans). Orné d’un folklorique costume dans le thème de son dernier LP, le chanteur débute au clavier, accompagné du musicien Hermon Mehari à la trompette. Les titres s’enchainent (« Oh My God », « Congratulations », « Savannah », « Hail Mary ») et, comme ceux de Night Shop, on les redécouvre presque à nu, simples et élégants. Mais le set prend une autre tournure dès que Morby monte le son de sa guitare, et surtout, lorsque Sullivan revient sur scène pour accompagner son ami à la batterie. Là, les chansons, plus tendues, retrouvent leur électricité, l’assistance est scotchée ! Les tubesque « Parade » (sur lequel Morby incite son public à chanter les chœurs) et « I Had Been to the Mountain » relèvent encore le niveau. Sur le cul mais pas rassasié pour autant, la salle toute entière en redemande. On aura droit à un bouleversant « Beautiful Strangers » chargé d’émotion, qui fait toujours autant d’effet… La charisme et la présence de Kevin Morby sont tellement forts, que le public (nous compris) reste circonspect devant la prestation de l’Américain. Il règne un silence quasi religieux entre les titres, et là où d’ordinaire, des dizaines de smartphones se lèveraient pour capturer des images du concert, ils sont ce soir quasi absents. Tellement prenant, qu’on en oublie l’ordre des chansons jouées, mais là n’est pas le plus important, toujours est-il que Morby reviendra, accompagné, pour un « Harlem River » (son grand classique) dantesque, avant de reprendre, seul cette fois, l’un de ses héros : Townes Van Zandt (avec « There’s No Place »). Il quitte finalement la scène après avoir lancé sa veste façon rockstar dans le public.

 

Kevin Morby et son costume Oh My God, à l’effigie de son dernier album.

Sans grande surprise, l’ancien membre de Woods et des Babies a, ce soir, une fois de plus, brillé devant un public de fans comblés. L’Américain entretient un rapport assez fort avec ses fans français, la preuve en est, il sortira le mois prochain, à l’occasion du record store day, un double album live, capté l’an dernier à Paris au coté de son « OMG Live Band ». La promesse d’un nouveau grand concert, à écouter cette fois, dans son salon.

 

Salle: L’Épicerie Moderne à Feyzin.
Photographies: Matthieu Grenier ©



Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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