The Stooges « Fun House »

Fun House
Les Stooges se sont formés à Ann Arbor, à l’ouest de Detroit, en 1967, dans la foulée du Velvet Underground et des Doors. Loin du Summer of Love et du mouvement hippie. Ils roulaient à la nitroglycérine et d’autres substances non répertoriées au tableau B. Ils se voulaient violents, provocants et surtout, spectaculaires.

Detroit dans les années 60 était une ville florissante. L’industrie automobile était prospère et la Motown était une usine à tubes selon l’adage établi par son propriétaire Berry Gordy. Les Stooges incarnaient la ville à merveille. D’un côté, l’usine avec un rock forgeron, sauvage, brutal, lapidaire, en tapant comme des marteaux sur des enclumes et de l’autre, l’élégance de la musique noire, du blues, du rhythm’n’blues, du jazz. On retrouve tout ça dans Fun House, un disque bâti sur peu d’accords, un album fait de bruit, de fureur, de hurlements, de cris, de souffrances, d’orgasmes plus ou moins simulés, de frustrations refoulées et de plaisirs contrariés.

Fun House, la maison du plaisir, est le second album des Stooges, sorti en 1970 après le furieux The Stooges (Elektra, 1969) et avant le démoniaque Raw Power (Columbia, 1973). Il est composé de sept chansons, sept péchés capiteux, sept obus mis à feu par Don Gallucci qui avait les Kingsmen en tête en produisant le disque. Don Gallucci qui était d’ailleurs le clavier des Kingsmen en 1962 – 63, de l’époque où ils popularisèrent la fameuse “Louie Louie” de Richard Berry. Les Stooges étaient composés des frères Asheton, Ron à la guitare et Scott à la batterie, et de Dave Alexander à la basse. Ils tapaient pour faire mal. On a souvent dit de Ron Asheton qu’il était un piètre guitariste, on a mesuré avec le temps son impact sur la guitare dans le rock. Dans l’histoire des tireurs d’élite à six cordes, il est aussi important que Keith Richards (Rolling Stones) ou Fred « Sonic«  Smith (MC5). Pas loin derrière Jimi Hendrix. Steve MacKay est le cinquième larron sur ce disque. Avec son saxophone, il est là pour mettre la jazzizanie pour noircir encore plus le trait. Et bien évidemment, Iggy Pop qui rugit là-dedans comme un fauve en cage qui n’a rien bouffé depuis une semaine.

Fun House est un déluge sonique qui servira de matériau de base à de nouveaux styles encore en végétation comme le punk, le métal et même le hardcore. Le disque n’a pas reçu l’accueil escompté à sa sortie. Ce fut même un four commercial retentissant. C’est au fil du temps qu’on a saisi son importance. Depuis, il est considéré comme un des albums majeurs de l’histoire du rock. Fun House, le disque le plus explosif depuis l’invention des décibels et la découverte de la chevrotine.

The Stooges Fun House Elektra

TRACKLIST

Side A

Down on the Street
Loose
T.V. Eye
Dirt

Side B

1970
Fun House
L.A. Blues



Album disponible sur Apple Music, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !




Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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