Doomtree « 10 years in our lane »

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Le collectif/groupe Doomtree existe depuis plus de 10 ans, mais en Europe, peu de gens vous connaissent, pouvez-vous nous expliquer comment tout à commencé?

DessaDoomtree a toujours eu pour base l’amitié, la musique vient en second et le business en troisième. La plupart des membres se sont rencontrés lorsqu’ils étaient des ado’ partageant des passions communes pour la musique et le skateboard. Ils ont commencé à faire de la musique ensemble, trouvé un nom de groupe puis ont finalement demandé à d’autres amis de se joindre à eux. On a ensuite programmé quelques concerts, gravés quelques disques (NDLR: les mixtapes False Hopes) puis on s’est fait un nom sur Minneapolis. Nous avons ensuite créé le label et c’est là que nous sommes vraiment devenus une sorte de “petit business” à nous seuls, juste le nécessaire pour nous permettre de nous faire connaitre. Nous n’avons fait aucun prêt, nous n’avons à aucun moment cherché des investisseurs et nous n’avons toujours pas de carte de crédit ! Mais nous en avons finalement même pas besoin. On se suffit à nous-mêmes et nous sommes autonomes. On investit ensuite dans d’autres projets, on apprend sur le tas. C’est une manière lente de se développer (genre, très lente), mais on s’exprime comme on le souhaite. Et ça compte beaucoup dans ce business.

Actuellement, vous êtes sept membres dans le groupe, comment se passe l’écriture et l’enregistrement de vos titres?

Dessa: Pour enregistrer No Kings, notre dernier album en date, nous nous sommes isolés dans une cabane. Durant une semaine, nous avons écrit, enregistré, mangé, bu et dormi sous le même toit. Les producteurs ont fait les beats ensemble et les rappeurs écrits leurs couplets ensemble, côte à côte. Le disque est bizarre et agressif à la fois, mais il a un son vraiment “précis” et des thèmes unificateurs. Écrire tous ensemble n’est pas toujours facile, mais nous sommes amis, nous nous faisons confiance en tant qu’artistes et travailler de cette façon a finalement donné nos meilleurs morceaux en tant que collectif.

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(Doomtree, 2008)                   (No Kings, 2011)

Sur votre premier album (Doomtree, 2008), vous étiez neuf membres ? Qu’est-il advenu de Turbo Nemesis et MK Larada?

Dessa: Turbo et MK sont vivants ! Et ils vivent toujours dans le coin. Ils ont simplement décidé de se concentrer sur d’autres projets, et nous leurs souhaitons de réussir du mieux possible. Doomtree n’est pas une mafia, nous ne brisons pas les genoux des personnes qui veulent quitter le groupe (enfin…en principe).

Doomtree n’est pas un collectif de Hip-Hop traditionnel, quelle est l’histoire qui se cache derrière vos morceaux ? Avez vous un thème en particulier que vous aimez aborder?

Dessa: Nous avons écrit des morceaux pour faire la fête, des morceaux plus politisés, des chansons d’amour mais aussi des morceaux sans aucun sens, en fait, nos sujets de chansons évoluent en même temps que nos vies. Il serait impossible d’écrire le même morceau à 19 ans et une nouvelle fois à 29 ans. Ceci étant dit, Je pense que le sujet qui relie la plupart de nos sons est un esprit d’authenticité. Tu comprends le sens d’une chanson que l’auteur a vraiment voulu donner… nous écrivons sur ce qui nous motive. Tu as l’impression que le parolier veut vraiment dire ce qu’il dit. On écrit ce qui nous touche.

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Lazerbeak, Cecil Otter, Sims, Mike Mictlan, Paper Tiger, P.O.S. et Dessa

Toutes les sorties du label sont pressées en Cd et Vinyle, quel est votre rapport à ces formats ? En tant que musicien, est-ce qu’il vous arrive d’acheter des disques ou des Mp3 ? D’ailleurs, quel est le dernier disque que vous avez acheté ?

Lazerbeak: Le dernier disque que j’ai acheté était Battleborn des Killers. Nous n’avons pas encore pu presser toute nos sorties en cd et vinyle, car le prix d’un pressage vinyle est beaucoup trop élevé (mais c’est vraiment cool de le faire). A l’avenir, j’espère sortir nos disques les plus importants en vinyle, cd ainsi qu’en support digital.

Est-ce que vous souffrez du téléchargement illégal de la musique?

Lazerbeak: On en souffre forcément oui, mais honnêtement, on est aussi gagnant car un bon nombre de fans a été acquis grace au téléchargement illégal, donc c’est un peu dur pour nous de s’en plaindre. A la fin d’une journée, on essaye vraiment d’être le plus transparent possible sur le coté “business” de Doomtree, tout en pensant que nos fans, les vrais, comprendront qu’en achetant notre musique, nous auront les moyens de continuer par la suite à en faire d’autre. Ça marche plutôt bien jusqu’ici.

Que pensez vous de l’industrie musicale actuelle ? De nos jours, pensez vous qu’il est plus facile de grandir sur un label indé’ ou sur une grosse major ?

Lazerbeak: Je pense que l’industrie musicale est en constante évolution. En tant que petit label, on a la chance de ne pas avoir à jouer avec toutes les règles d’un label normal, Internet a pas mal aidé à changer tout ça (cette interview en est d’ailleurs un exemple parfait), du coup, on peut communiquer avec nos fans comme on veut, ce qui ne serait pas possible si nous étions sur une major. Après, je pense que si vous voulez être investis dans tous les aspects de votre carrière, le coté indé’ vous offrira bien plus d’avantages, par contre, on souffre certainement beaucoup d’un manque de gestion de nos bénéfices, ce qui ne serait pas le cas si nous étions sur une major.

Comment se passe la vie de tous les jours pour un musicien américain indépendant ?

Lazerbeak: Disons que ce n’est pas facile tous les jours de vivre en tant qu’artiste indépendant, mais on s’en sort plutôt pas mal. L’assurance santé est ici quasi inexistante pour les musiciens, à moins que tu sois assez chanceux pour avoir une femme dont le job fournit une très bonne assurance. On se débrouille comme on peut, c’est beaucoup d’organisation, notamment quand on doit passer 3 mois sur la route.

Teaser du documentaire Team The Best Team

Il y a quelques mois, vous avez fait votre première tournée européenne en tant que collectif, comment tout ça s’est déroulé ?

Lazerbeak: La tournée était vraiment SUPER ! C’était un vrai défi de partir faire une tournée en Europe. Les concerts se sont bien passés. Nous avons joué devant certains de nos fans pour la première fois ainsi que quelques nouveaux.

Le troisième album du groupe, All Hands, est sorti le 27 Janvier sur le label du groupe, en vente en vinyle par ici et en cd.

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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