Avec ce sixième album studio, les Australiens de Kill Devil Hills sont de plus en plus audacieux tout en atteignant une forme de sérénité dans un environnement contraint.
On en est toujours à trainer comme un boulet les effets collatéraux de l’épidémie de Covid. Cet album, les KDH ont commencé à le mettre en boite tout juste avant le début de la pandémie. Comme tout le monde, ils ont dû interrompre le chantier en cours. Matango ! a été enregistré de-ci de-là, du côté de Perth, à Fremantle, à Prague et même en France. Le risque de procéder ainsi, c’est de se retrouver avec un disque décousu. Mais on sait le groupe capable de faire sienne la contrainte, quelle qu’elle soit. Et une fois de plus, le résultat est exceptionnel, un peu téméraire parfois, mais l’ambiance générale correspond bien à l’univers coutumier de KDH. Évidemment, le parallèle avec Nick Cave va s’imposer bien que KDH n’ait jamais eu besoin de béquille pour avancer. Au fil des ans, le groupe a bâti une œuvre considérable. Cette fois, on est loin de l’ambiance fin de soirée du tube « Drinkin’ Too Much ». En ouverture, avec son orchestration électro imposée par la situation sanitaire, « Survivor Guilt » surprend. Très vite, on reprend ses esprits avec la sublime « This is Karrakatta », un hymne au texte sibyllin sur un rythme tribal, Karrakatta étant l’équivalent du Père-Lachaise à Perth. Ensuite, on revient à des sonorités plus traditionnelles chez KDH, dans la veine de Tindersticks, Lambchop, Black Heart Procession et, évidemment, Nick Cave. Le groupe aborde avec ce nouvel album des thèmes de notre temps : les troubles dans le monde, l’instabilité, la catastrophe climatique, les réfugiés, la guerre froide et plus encore, à partir d’un point de vue australien et de la place du pays dans tout ce bordel ambiant. Réjouissant comme ambiance n’est-ce pas ? La peinture illustrant la pochette est l’œuvre de Natalie Scholtz qui a aussi également peint la superbe pochette intérieure. Le titre de l’album, Matango !, est emprunté à celui d’un film d’horreur de 1963 de Ishiro Honda (réalisateur du célèbre Godzilla), le rapprochement entre les deux œuvres est assez simple à établir si on compare le scénario du film et les textes de l’album. Sûrement pas le disque le plus facile de KDH, cependant, il a toujours ce charme suranné d’un dandysme réfréné qui va si bien au groupe. Entre poésie et romantisme, les Kill Devil Hills renforcent leur position de groupe leader.
The Kill Devil Hills Matango ! Bang Records
Face A
Survivor Guilt
This Is Karrakatta
The Day the Dinosaurs Died
Prescribed Burns
Atomic Kitty
Face B
Patrician Facade
Unlike Hemingway Said
Thirteenth Sunday
New Ordos
Weight of a Woman
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