The National à Paris, Salle Pleyel

Plus de deux ans après son précédent passage à la capitale (au Café de la Danse puis à l’Olympia à l’occasion de la sortie d’I Am Easy to Find en 2019), The National offrait en ces derniers jours de mai à ses fans français non pas un, mais deux concerts (maintes fois reportés, merci la pandémie). Compte-rendu de la première soirée.

La salle affiche complet depuis plusieurs semaines, et l’on se dit une fois confortablement installé dans son siège qu’on l’on a commis une grossière erreur d’opter pour ce type de placement (un concert de rock assis, quelle idée…), envieux que nous sommes du public déjà bien chaud de la fosse. Dès les premières secondes du set, on constate que le quintet de l’Ohio n’a rien perdu de sa superbe, malgré près de deux années de pause. Deux années durant lesquelles ses membres se sont occupés et investis dans divers projets (plusieurs albums solo, Serpentine Prison, des bandes originales ou des enregistrements et productions au côté de Taylor Swift, pour ne citer qu’eux). 
Le groupe se retrouve pour la première fois depuis longtemps dans une formation « resserrée » (sans choristes ni percussionniste), et tous s’appliquent à donner le meilleur d’eux-mêmes. Tous, sauf un, et il est difficile de ne pas le remarquer. Car ce soir, Matt Berninger, leader sacrément charismatique qui semble vivre ses chansons, d’ordinaire très communicatif et drôle, est tout bonnement absent. Quasi pas un regard échangé avec ses « bandmates », sa voix est juste, les textes sont chantés comme sur disques, mais il n’y a aucune émotion, au point que ça en devient presque gênant : il fait le « minimum syndical ». Il ne franchit à aucun moment la ligne qui le sépare du Berninger hurleur, instable et difficilement contrôlable, prêt à exploser sur les titres les plus électriques du groupe. On se demande s’il a vraiment envie d’être avec eux et surtout, avec nous. Peut-être est-ce le résultat d’un changement drastique de régime alimentaire (sic) car pas une bouteille de vin n’est présente à ses côtés, troquée ce soir contre des bouteilles d’eau.
Les frères Dessner quant à eux, sont plus bavards et échangent volontiers avec le public. Bryce Dessner témoigne une fois de plus de son affection pour la France, son « pays de cœur » (il réside à Paris depuis plusieurs années) le tout, dans un Français quasi parfait. Très discrète, la section rythmique (les frères Devendorf) est toujours aussi efficace et précise tandis que Ben Lanz et Ryan Resnick, membres permanents depuis de nombreuses années maintenant, offrent comme à leur habitude plus de corps aux chansons. La setlist offre quant à elle un bel aperçu d’au moins cinq albums du groupe, The National et Sad Songs For Dirty Lovers étant complètement oubliés, tandis qu’il ne reste d’Alligator que « Mr. November ». C’est d’ailleurs ce titre qui voit d’ordinaire Berninger sur la brèche durant tout le concert se jeter dans la foule mais ce soir, le chanteur reste une fois de plus sage derrière son micro, nous confirmant que le malaise sera à nos côtés jusqu’au bout. On aura droit à quelques soupçons d’un nouvel LP, trois nouveaux titres dont le très beau « Bathwater (Mount Auburn) ».

On l’aura compris, la première de ces deux dates parisiennes nous laisse un goût amer, on ressort de la salle un peu déçu et presque triste. Espérons que le quintet va se retrouver durant ses prochaines dates mais surtout, que Matt Berninger trouvera lui de nouveau un quelconque intérêt à se produire au côté de ses camarades de toujours, en communion avec le public. Verdict dans quelques jours, lors de leur passage au festival Primavera à Barcelone.

Setlist

Don’t Swallow The Cap
Mistaken For Strangers
Sorrow
Bloodbuzz Ohio
I Need My Girl
This Is The Last Time
The System Only Dreams In Total Darkness
Green Gloves
Slow Show
Apartment Story
Tropic Morning News (Haversham)
Day I Die
Grease In Your Hair (Birdie)
Pink Rabbits
Rylan
England
Graceless
Fake Empire
About Today

Rappel

Bathwater (Mount Auburn)
Mr. November
Terrible Love
Light Years

The National (4AD/Beggars)
Salle: Salle Pleyel
Production: Olympia Production
Photos de Graham MacIndoe ©
Poster par Patrick Savile ©



Relisez notre portrait du photographe
Graham MacIndoe, auteur du livre Light Years
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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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