Queens Of The Stone Age « Queens Of The Stone Age »

Chroniquer les Queens Of The Stone Age en 2022 est plus facile qu’en 1998 tant leur discographie, leurs collabs’, leurs side-projects et les tribulations de leur front-man sont connus! À la fin des années 90, c’était une autre histoire. Même si le groupe ne venait pas de nulle part, mais des cendres (pour un groupe de Palm Desert c’est logique…) de Kyuss, formation incontournable dans l’histoire du stoner, QOTSA n’était pas le colosse qu’il est aujourd’hui. La nouvelle version restaurée, sortie en septembre dernier chez Matador (mais précédemment réédité en 2010 par Rekords Rekords/Domino, ndlr), est une bonne raison pour replonger dans le premier brulot du groupe, l’éponyme Queens Of the Stone Age.

L’info principale dès l’objet en main, est bien l’artwork ! Et oui, retour à sa pochette originale (on reste dans le même raffinement je vous rassure) réalisée par Frank Kozik, l’artiste graphiste américain à l’origine de bon nombre de pochettes d’albums et d’affiches de concerts (regardez la jaquette de Houdini des Melvins et Americana des Offsp*** – j’ai du mal à écrire leur nom depuis justement ’98 – vous verrez comme un lien de parenté, ndr). Soit dit en passant, pochette que ne renierait sans doute pas Robert Rodriguez période Planète terreur. Bref, on pourrait y voir du lourd, du très lourd, du macho à la testostérone en ébullition… et pourtant cet album est bien plus subtil qu’il n’y parait.
Venons-en au fait et au son! Dès la première écoute, on reconnaît la patte de Kyuss, mais avec le goût de sable un peu moins prononcé et les cheveux un peu moins gras! Certes, c’est lourd, direct, des riffs addictifs, une basse rutilante, mais ce qui différencie cet album des autres albums de stoner de l’époque et fait la légitimité de ce groupe, est définitivement la voix de Josh Homme! Reconnaissable parmi toutes, le bonhomme apporte une certaine douceur (oui oui, j’ose l’écrire) grâce à ce timbre de voix distinctif suave et sauvage à la fois. Sur ce premier opus, il parait néanmoins plus à l’aise derrière sa guitare que devant son micro, mais la confiance viendra avec les prochains albums. Pour un premier, soyons indulgents ; c’est plutôt sacrément réussi ! Coté pistes donc, le bal ouvre avec les tonitruants « Regular John », « Avon » et « If Only ». Titres efficaces qui rappellent que la machine à riffs n’est pas rouillée ! Mention spéciale à « If Only » qui donne des indications sur le futur des QOTSA, notamment dans l’incontournable Songs For the Deaf sorti en 2002.

Alfredo Hernandez, Josh Homme et Nick Oliveri, Lisa Johnson ©

Après ce départ réussi, les titres s’enchainent, les riffs aussi, sans pour autant se détacher totalement. Ce n’est pas mauvais, bien au contraire, mais ne reste pas gravé dans la mémoire, sauf par intermittence avec « Walkin on the Sidewalks » et sa basse omniprésente (tenue elle aussi par Homme, Nick Oliveri arrivant après l’enregistrement de l’album), l’entêtant « You Would Know » (titre qui aurait gagné en efficacité s’il avait été plus court) et l’accrocheur « How to Handle a Rope » qui se transforme dès les premiers kicks de batterie. Après le bien long interlude psyché « Hispanics Impressions », le reste de l’album devient décousu et plus perché avec les « You Can’t Quit me Baby », « Give the Mule What He Want » et « I Was a Teenage Hand Model » complètement barré du début à la fin… À noter que dans cette version originale, exit les titres « The Bronze », « These Aren’t the Droids… », « Spiders and Vinegaroons » qui, au final, ne manqueront pas à grand monde.

Queens of the Stone Age n’est donc pas qu’un album de stoner pur et dur, mais un premier disque d’un groupe qui cherche à explorer des pistes moins formatées et plus psychés. Mission réussie, le plaisir est là et le futur (proche) leur donnera raison avec les albums Rated R et Songs For The Deaf (2000 et 2002, Interscope)… Le reste de la discographie est une autre histoire avec laquelle je suis moins convaincu! Chacun pourra s’y replonger dès décembre puisque le groupe publiera, toujours chez Matador, de nouvelles versions vinyles des albums …Like Clockwork et Villains!

Queens Of The Stone Age Queens Of The Stone Age Matador/Beggars

TRACKLIST:

Face A

Regular John
Avon
If Only
Walkin’ On The Sidewalks
You Would Know
How To Handle A Rope

Face B

Mexicola
Hispanic Impressions
You Can’t Quit Me Baby
Give The Mule What He Wants
I Was A Teenage Hand Model


Album disponible sur Apple Music, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !



Bertrand Bertoncello

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