« Up And Down With » The Dum Dum Boys

Un nouveau Dum Dum Boys est toujours un événement. Chaque fois et je dis bien, chaque fois, ils nous retournent les sangs et ce nouvel album ne déroge pas à la règle.

En quarante piges de bons et loyaux sévices au service de sa majesté rock’n’roll (à moins que ce ne soit l’inverse), les Dum Dum Boys n’ont jamais commis ni faux-pas, ni écart de langage, ni geste déplacé. Ils restent fidèles à leur direction artistique plaquée dans le rouge. J’entends encore les cancres en fond de classe qui n’ont jamais ouvert un disque de l’année chougner : « Mais c’est qui ça Monsieur les Dum Dum Boys ? » Je répète (en braille) pour les malvoyants et (haut et fort) pour les malentendants qui auraient loupé des épisodes : « … ¨. : …¨ ::¨`.¨… :. .¨¨`:. … ». Tu as pigé comme ça ou j’envoie un recommandé avec A/R ? Je disais, pour faire simple, que les Dum Dum Boys sont un croisement entre le Velvet, les StoogesSuicide, la littérature déviante et le cinéma de genre, le tout enveloppé dans un drapé brodé par Kim Fowley avec des harmonies fleuries façon Lee Hazlewood. S’ils étaient new-yorkais, je te garantis que tu t’en tartinerais les feuilles du matin au soir. Leurs disques me téléportent chaque fois aux confins de l’imaginaire avec cette fuzz à peine plus bruyante qu’un essaim d’abeilles en pleine mellification pour peu qu’on ait le culot de foutre la tête dedans. La fuzz fait symphonie chez les Dum Dum. Ce nouvel album au titre façon western spaghetti “haut et bas avec les DDB” propose deux facettes du groupe, la part sombre et le côté fleuri. Une face Up, une face Down. Rien de schizophrénique là-dedans, les DDB survolent juste en douze chansons les différents courants qui les portent depuis le début. Le spectre est plus large qu’il n’y paraît derrière le mur du son. Des Beatles au surf en passant par Elvis et le Velvet, tu avoueras qu’il y a de la marge. Pour les influences, il vaut mieux s’en remettre au précédent album constitué de reprises uniquement (Play All Your Favorite Songs, Mono-Tone Records). Là, tout le matos est de première main. Des pierres précieuses d’un noir profond, à peine dégrossies, même pas polies, aux arêtes tranchantes et aux contours asymétriques mais parfaitement ajustés à la géométrie des chansons. Si ce n’était pas du rock’n’roll, ce serait de l’art brut. Un disque qui nous transporte de backrooms interlopes en terrasses ensoleillées, un cocktail éclectique composé de bruits défendus et de produits plus ou moins issus de l’industrie chimique et de la culture biologique. Les Dum Dum Boys repoussent loin les limites de l’audace. S’il est un groupe notoire aujourd’hui qui doit beaucoup aux Dum Dum Boys par exemple, c’est les Limiñanas. Tout fan des Limiñanas est un disciple des Dum Dum Boys qui s’ignore. Maintenant que vous savez, vous faites bien comme vous voulez, c’est à vous de voir, mieux, d’écouter.

Dum Dum Boys Up & Down With The Dum Dum Boys Mono-Tone Records

Up Side

Hypnotized
Let Me Get Some Action
Up !
Waiting For You
The Way I Feel About You
Soul Panic
You Know Why

Down Side

Dance To The Silence
I Don’t Love You Anymore
Welcome To My World
It Always Sounds The samedi Electrified !



Album disponible sur Apple Music, Qobuz & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


 

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

One Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.