Sims « More Than Ever »

More Than Ever

Ça chauffe sévère chez Doomtree cette année. Le crew de Minneapolis n’est visiblement pas prêt à se laisser distancer par la concurrence et s’apprête à conclure un exercice 2016 particulièrement chargé avec la sortie de ce More Than Ever par Andrew Sims, membre fondateur du collectif injustement méconnu.

Si P.O.S. ou Dessa ont toujours droit à une poignée d’articles sur de gros médias comme Pitchfork, Sims doit généralement se contenter de la presse locale ou de quelques blogs. Mais comme ses potes de Doomtree, le rappeur persiste, et ne se repose pas sur ses acquis, au point d’explorer de nouveaux horizons sur chaque nouvelle livraison.
Début 2015, All Hands et sa production Electro/Punk nous avait un peu pris de court à la première écoute, avant de dévoiler toutes ses richesses. Sims choisit sur ce More Than Ever de continuer dans cette voie avec un Rap plus organique, à l’opposé du génial Bad Time Zoo et de l’EP qui suivit Wildlife (en 2011). Si c’est Lazerbeak qui supervise une fois de plus l’ensemble, on retrouve sur ces treize titres plusieurs noms à la production (dont Icetep et Paper Tiger) mais, contrairement au récent mini-album Field Notes, l’ensemble apparait cette fois plus homogène. Les beats sont lourds et l’atmosphère relativement mélancolique, on sent que le emcee, dont le phrasé est reconnaissable entre mille, aborde des sujets sombres et ce, sans même avoir besoin de jeter un œil à ses textes. Son flow est toujours aussi entrainant, et séduit sans mal par sa spontanéité, même lors de refrains/ponts chantés.
Le problème de More Than Ever, parce qu’il y en a bien un, réside dans le tournant pris par la production, au même titre que la direction prise par une bonne partie du collectif. Certains titres laissent un goût amer en bouche, se rapprochant souvent du Grime anglais -très en vogue ces dernières années- et diffère largement des prod’ du groupe, affilié au Rock ou au Punk, faisant la part belle à des prod’ plus authentiques (avec généralement de vrais instruments). Doomtree semble s’éloigner d’un style qui avait permis de poser les bases du collectif et perd donc un peu de son originalité.
Heureusement pour nous, le rappeur ne sombre pas non plus dans les clichés du Hip-Hop/R&B Autotuné, et l’on oublie presque le vilain défaut après quelques écoutes, se concentrant sur la plume du songwriter, qui s’affine d’année en année.

More Than Ever est loin d’être l’album le plus réussi d’Andrew Sims, bien que le emcee livre un disque aux textes particulièrement inspirés. On a simplement, là, affaire à un bon disque de Hip-Hop moderne, un album qui réchauffera votre hiver tout en vous faisant cogiter sur le poids de ses lyrics. Sims, reste Plus Que Jamais un emcee à ne surtout pas perdre de vue…

Sims More Than Ever Doomtree Records
Page Bandcamp de Sims et site web de Doomtree.

TRACKLIST:

Side A

A Bad Flying Bird
Icarus
Brutal Dance
OneHundred

Side B

Flash Paper
Spinning Away
Oakland Ave Catalpas

Side C

What They Don’t Know
Badlands
Buckets

Side D

Shaking In My Sheets
Voltaire
Gosper Island



Également en écoute intégrale sur Bandcamp & Spotify.







Critique de l’EP Field Notes,
sorti en 2014 chez Doomtree Records.

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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